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Autos anciennes passion

22 mai 2010

Ma DS 23 Pallas, quelle maîtresse!

J'ai eu la chance d'avoir pour maîtresse une DS 23 Pallas carbu de 1973!

Le coup de crayon était dû à un Italo-français du nom de Flaminio Bertoni, auquel on doit aussi la célèbre 2 CV.

La robe de ma belle était gris-métallisé tandis que son couvre-chef était aubergine.

Ses doubles phares sous globe étaient assistés de feux à longue-portée ronds sous jupe. D'ailleurs, ses pleins phares ne quittaient jamais la route des yeux. Par quelle magie? Je ne vous le dirai pas...

De son intérieur bicolore en tissu (rouge pour l'étoffe, blanc pour les garnitures) fraîchement reconditionné, émanaient des senteurs de cuir de vachette, que je retrouvais à chaque fois en m'installant à bord.

Très en vogue que les intérieurs bi-ton.

Cette berline me donnait toujours l'impression d'être en robe de soirée, prête à toutes les mondanités.

Sans forfanterie, il fallait voir le regard des autres automobilistes à son passage dans les rues de Paris, où pourtant, ses habitants sont plutôt blasés.

Difficile d'être discret, mais au contraire d'une auto allemande dont le côté "flambe" peut irriter, la DS fédère de nombreux passants qui s'accordent à l'avoir connue dans un passé pas si lointain; les gens sont toujours gentils avec la DS.

Voiture présidentielle, de cadres supérieurs, de chefs d'entreprise.

Puis sa valeur vénale s'émoussant, de cadre, de médecin de campagne.

Puis, suprême déchéance, finissant entre les mains de voyous dans "Les valseuses", ensuite d'épiciers surtout en breaks ID.

Sur une DS, rien n'est fait comme ailleurs; il faut réapprendre les codes d'usage de cette fille sophistiquée.

Son volant monobranche avait son élément de maintien placé à 9 heures moins le quart, pour pouvoir enrouler coude-à-la-portière, en corrigeant à peine le cap de ce vaisseau très singulier.

Ce faisant, de temps à autre, la main droite donnait une pichenette au levier de vitesses au-dessus du volant, dans un sens, ou bien dans l'autre, afin de monter ou descendre un rapport avec un "clong" caractéristique , mais en ayant pris soin de laisser le pied légèrement sur l'accélérateur pour accompagner le rétrogradage et éviter une secousse!

La bonne utilisation du levier de la boîte de vitesses hydraulique fait partie originellement de la dotation de la DS telle qu'elle était présentée en 1955 au salon de l'Auto.

Mais aussi des bonnes manières!

Une longiligne pédale pour les gaz. Et le "champignon noir" pour le frein principal.

Vénéneux? A effleurer, seulement!

Le frein à main était, à la mode américaine, une pédale carrée surmontée d'un petit levier pour le déverrouiller.

Ce dernier était condamnable au cas où un gamin malicieux s'évertuerait à vouloir le libérer.

Le volant sollicitant l'assistance de direction, émettait un bruit de succion que je n'ai jamais retrouvé ailleurs.

Moteur tournant, le conjoncteur-disjoncteur se manifestait par un claquement net cyclique , annoncé au préalable par ce qui s'apparenterait à un roulement de tambour très étouffé.

Le matin, au moment de récupérer la belle dans son écrin parisien chauffé et au sec (rien n'était trop beau...), la DS dormait du sommeil du juste, en position basse.

Et une fois lancé, le moteur s'ébroue: voilà que notre amie s'étire tel un gros chat après sa sieste; l'arrière d'abord, puis l'avant, avant de se stabiliser en position horizontale, le conjoncteur-disjoncteur ponctuant par son roulement de tambour et son claquement son désir d'être prête à la route.

Que de vie dans cette voiture qui bruisse de partout!

Que ce soit en ville, sur nationale, ou sur le long ruban autoroutier, ma DS efface la route, confotablement installé dans un large siège en mousse profond, le coude droit négligeamment posé sur l'accoudoir central.

Le gros quatre-cylindres-en-ligne de 2347 cm3 à carburateur double-corps délivre une puissance tranquille de 115 ch DIN à 5500 tr/mn.

Au delà de la notion de puissance, c'est la force pure du "tourne-broche" exploitable dès les plus basses rotations grâce à son couple "en table" généreux.

Ceci dit, un point dur matérialise l'ouverture du 2ème corps à 3500 tr/mn. Et que ce soit en accélération, ou en reprise, ma DS se cabre tel un fauve prêt à bondir tant la franchise de réaction est nette.

Et puis, la DS, c'est un spectacle sur asphalte!

Chacun peut diversement l'apprécier, qu'on en soit l'heureux conducteur, les passagers, les autres automobilistes ou bien les badauds vaquant sur le trottoir à leurs destinations.

La détester cordialement aussi, mais y être indifférent, jamais!

La DS cristallise, à mon sens, une part du génie français, dans le monde automobile.

Le Général de Gaulle en ayant fait son véhicule présidentiel fétiche, le paquebot France, la Caravelle, le supersonique Concorde sont autant d'images pieuses d'une France triomphante, prestigieuse, écoutée au niveau mondial.

Une classe moyenne de Baby-boomers de cadres avait éclos avec une faim de consommation, de liberté.

Les Trente glorieuses couraient encore avec des lendemains prometteurs

La DS, c'est finalement un peu tout cela à la fois.

Ma DS et moi, ce furent onze années d'idylle!

Cachons d'un voile pudique nos fâcheries pour n'en garder que le meilleur!

Passé la XM, je ne comprends plus rien au style de cette marque d'avant-garde qui a confiné au génie naguère!

   

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